À la découverte des centres de formation en entreprise et récupération (CFER)
Introduction
Pour un élève ayant de grandes difficultés scolaires, il peut être difficile de trouver sa place à l’école ainsi que sa voie professionnelle. Lorsque le diplôme d’études secondaires semble hors de portée, comment peut-on aider ce type d’élèves à persévérer et se qualifier? Les conséquences du décrochage scolaire sont nombreuses et majeures, il importe de connaître les différents parcours qui s’offrent à nos élèves en difficulté, afin d’éviter l’abandon de l’école sans qualification. Démystifions les centres de formation en entreprise et récupération (CFER).
Distinguer le CFER des autres programmes du parcours de formation axée sur l’emploi
Peut-être avez-vous déjà entendu parler du programme de formation préparatoire au travail (FPT) ou de formation à un métier semi-spécialisé (FMS). Le CFER accueillant sensiblement des élèves du même âge et faisant également partie du parcours de formation axée sur l’emploi, il peut devenir difficile de le différencier. Voici quelques distinctions importantes :
Le CFER possède des installations d’envergure au sein de l’établissement scolaire, en partenariat avec des entreprises de la région, qui sont directement liées à son projet d’entreprise. Par exemple, certains CFER ont leur propre centre d’imprimerie géré par les enseignants et les élèves, tandis que d’autres ont un atelier de réparation de vélos, un centre de recyclage de bois ou même une chocolaterie. Oui, oui! À l’intérieur de l’école!
Comme mentionné, il s’agit d’une école-entreprise. Associé à une entreprise de la région, le CFER génère lui aussi des revenus. L’argent gagné est ensuite investi pour améliorer ou augmenter la capacité du centre à fabriquer des produits ou à fournir des services. Après les dépenses habituelles, s’il reste de l’argent, le CFER peut utiliser les profits restants pour financer des activités qui facilitent l’insertion socioprofessionnelle de ses élèves, que ce soit des formations spécialisées ou même des activités de persévérance scolaire.
Le fait d’avoir des installations au sein de l’école permet aux élèves de vivre leurs premières insertions socioprofessionnelles à l’intérieur de l’établissement scolaire, sous l’œil vigilant de l’adulte qui a deux rôles, soit l’enseignement et l’entreprise. L’élève a donc un accompagnement constant dès les premières années du développement de son employabilité avant de vivre une expérience à l’externe. Ayant travaillé étroitement avec l’enseignant.e pendant 2 ans, le placement du jeune en stage externe est facilité : ses forces sont mises à profit et sa préparation a été efficace.
Présentement, on ne compte que 24 écoles-entreprises à travers le Québec. À la différence des programmes FPT et FMS, le CFER n’est pas automatiquement disponible dans le Centre de services scolaires de votre région.
Les élèves de plus de 18 ans peuvent aussi avoir la possibilité de troquer leur rôle de stagiaire pour celui de mentor pour accompagner les élèves intégrant l’entreprise du CFER.
Certificat de formation en entreprise et récupération
Le certificat CFER, obtenu au terme du programme, atteste que l’élève a atteint un niveau d’employabilité significatif en ayant acquis des compétences pour l’exercice de métiers semi-spécialisés. Il souligne également le développement des attitudes et comportements professionnels attendus en société. Le certificat confirme également la formation de l’apprenant.e aux principes de santé et sécurité au travail. Dans certaines régions du Québec, il peut être reconnu comme prérequis scolaire suffisant pour accéder à des emplois normalement réservés aux personnes possédant un diplôme d’études secondaires, soit dans les municipalités, le réseau scolaire ou hospitalier.
Fonctionnement
Le CFER a deux volets : l’école et l’entreprise. L’objectif général est de faciliter l’insertion professionnelle et sociale des élèves. Les enseignants s’engagent à développer leurs compétences en littératie et en numératie, essentielles pour la vie en société, tout en mettant l’accent sur la préparation à l’emploi, la sensibilisation au monde du travail ainsi que la santé et la sécurité au travail.
Le réseau CFER aide les écoles qui souhaitent offrir ce programme, en intégrant des installations dédiées à préparer les élèves au monde du travail, à même le milieu scolaire. Généralement, lors des deux premières années du programme, les élèves vivent leurs stages à l’interne, utilisant les installations et les plateformes de formation de l’école. Lors de la dernière année de formation, un stage à l’externe est proposé pour compléter leur apprentissage. Ainsi, les élèves partagent leur temps entre la salle de classe et les installations dédiées aux ateliers de travail de l’entreprise.
Projets d’entreprise
Comme mentionné, il existe 24 CFER au Québec. Chacun d’eux a son propre projet d’entreprise qui évolue dans un ou plusieurs secteurs d’activités, et ce, toujours en lien avec le développement durable.
Les CFER œuvrant dans ce domaine s’occupent du triage d’équipements électroniques comme les téléviseurs, les ordinateurs, les imprimantes et les cellulaires. Les appareils jugés désuets sont démontés à la main, classés et entreposés avant d’être expédiés à une installation de recyclage spécialisée.
Les CFER travaillant dans ce domaine procèdent au tri et au démantèlement manuel de divers éléments en bois, tels que des résidus de bois de charpente, des palettes et des planches de différentes tailles.
Il s’agit de s’occuper du tri et du démantèlement manuels de divers déchets industriels pour des entreprises, ce qui leur permet d’éliminer leurs résidus de manière responsable tout en réduisant leurs coûts d’enfouissement. Les types de résidus actuellement traités par les CFER incluent le filage, les métaux, divers boîtiers et outils.
Sous la supervision des enseignants, les élèves se chargent du tri, de la dépersonnalisation et de la réparation d’uniformes de travail usagés. Ce processus permet une élimination responsable et sécurisée des uniformes, réduisant ainsi les coûts d’enfouissement pour les entreprises. Les vêtements sont inventoriés et lavés, puis toute identification est manuellement retirée lors de la dépersonnalisation. Ensuite, ils sont réparés et destinés à la revente ou transformés en d’autres produits.
Les CFER dans ce secteur gèrent la collecte, le tri, le déchiquetage et la mise en ballots de documents confidentiels pour les entreprises, assurant ainsi leur élimination sécurisée et responsable.
D’autres secteurs s’ajoutent à la longue liste des projets d’entreprises, afin d’assurer une formation diversifiée aux élèves. On y retrouve la restauration de vélo, la cuisine commerciale, la production de produits en serres, des lave-autos, la réparation de mobilier scolaire, des centres d’imprimerie, une chocolaterie, des ateliers de couture et le recyclage de tubulures acéricoles.
Chaque CFER ne possède pas toutes ces installations. Initialement, lorsque l’école démarre le programme, elle est appuyée par le réseau CFER, qui analyse le milieu et les installations, fait la recommandation de secteurs d’activités adaptés au milieu, accompagne les écoles dans le choix de la machinerie ainsi que dans le démarrage et le développement des installations. D’un centre de services scolaires à un autre, les projets diffèrent.
La réussite pour tous
Des programmes tels que le CFER permettent à l’école de fournir aux élèves, quelles que soient leurs compétences, leurs talents ou leurs intérêts, les connaissances et les habiletés essentielles pour une intégration sociale et professionnelle efficace. Ils mettent également de l’avant la nécessité d’offrir un espace éducatif qui valorise le respect, l’appréciation et la considération de tous, dans le but d’offrir à chaque élève une expérience scolaire engageante, stimulante et adaptée à ses besoins et intérêts.
Pour aller plus loin
Samson, G. et Rousseau, N. (2006). Le CFER : Un modèle avant-gardiste? Réforme du curriculum et compétences transversales. Vie pédagogique, (138), 2-6.
Ministère de l’Éducation du Québec. (2003). Rapport sur l’évaluation du cheminement particulier de formation visant l’insertion sociale et professionnelle des jeunes de 16 à 18 ans (ISPJ).
Pelletier, K. (2004). Démarche d’alphabétisation en contexte CFER : Quels outils et quelles utilisations? Réseau québécois des CFER.
Rousseau, N. (2004). Le centre de formation en entreprise et récupération : Vers une plus grande participation sociale des jeunes ayant des difficultés d’apprentissage et d’adaptation. Vie pédagogique, (130), 40-43.
Un peu plus sur l'autrice
Laurence évolue depuis toujours dans le domaine de l’éducation, comme orthopédagogue ou enseignante en adaptation scolaire. Elle a travaillé auprès d’une multitude de clientèles, allant de la déficience intellectuelle à l’autisme, en passant par le Parcours de formation axée sur l’emploi et les défis d’apprentissage. Les apprenants en difficulté sont ceux qui lui tiennent le plus à cœur.